LE CODER PORTÉ DISPARU
Que pensent-ils de leurs nombreuses revendications restées non satisfaites jusqu’à ce jour ? Est-ce du vent que vendaient Célestine Zanou et ses collègues ?

L’année 2020, du moins jusqu’au troisième trimestre, le Collectif pour l’ordre démocratique et républicain au Bénin était l’une des attractions au nombre des regroupements nés sous le pouvoir de Patrice Talon dans le dessein de restaurer les acquis démocratiques qui faisaient de ce pays un modèle mondial avant 2016. Patatras! Le Coder et ses animateurs ont disparu de la scène alors que l’objectif de départ reste entier.
Constitué entre autres de Célestine Zanou, Arsène Tchankoun, Me Fatiou Ousman, le Coder est un creuset de personnalités de la société civile et de figures politiques tant sur le territoire béninois qu’au niveau de la diaspora. Dès son officialisation, il était porteur d’un idéal : celui de rétablir l’État de droit en souffrance au Bénin, depuis 2016 que l’administration Talon s’est installée. Même si les gouvernants actuels et autres thuriféraires continuent de nier l’évidence, les classements successifs d’organismes internationaux crédibles qui s’abattent sur le pays en matière de liberté de presse, de libertés individuelles et collectives confirment le malaise démocratique dans cet État d’Afrique de l’ouest jadis envié dans la sous-région, sur le continent et même dans le monde. Aussi, les derniers développements de l’actualité nationale quant à l’étonnant retour au pays, en toute quiétude, de deux citoyens autrefois activement recherchés, avant leur récente adhésion à la gouvernance Talon, par la justice via Interpol confirment-ils à suffisance les motivations du Coder. Décidé à prendre une part active dans le rétablissement de la démocratie dans tous ses compartiments pour un retour à la Constitution de 1990 et l’alternance au sommet de l’État en 2021, Célestine Zanou et les autres membres du Coder avaient fait l’option de s’adresser au président de la République à travers un Manifeste. Le contenu du document est décliné en plusieurs axes sur la base de constatations dont le net recul démocratique du pays. << Nous sommes passés d’un État de droit, à un État de lois. On est passé par un système légal pour faire reculer les droits …>>, dénonçait Fatiou Ousman qui a pointé du doigt le code pénal, la loi sur le numérique, la création de la Cour spéciale de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). La question du parrainage instauré pour les tickets présidentiels dans un contexte où beaucoup de fils et filles du pays sont en exil et le Parlement et la quasi-totalité des mairies sont contrôlés par le régime, n’a pas non plus été occultée.
En réalité, le Coder espérait de Patrice Talon la convocation d’une assise nationale pour que les points qui fâchent soient débattus par les forces vives de la nation. Le chantre de la Rupture et du Nouveau départ avait jusqu’à fin août 2020 pour réagir. Et comme s’y attendaient beaucoup d’observateurs, silence Radio du côté de Patrice Talon. Mais cette position du chef de l’État était loin de décourager à l’époque le Collectif pour l’ordre démocratique et républicain au Bénin. En effet, début septembre, Célestine Zanou, ancienne candidate à la présidentielle et ancienne directrice de cabinet du président feu Général Mathieu Kérékou et d’autres leaders du creuset montent au créneau. << Solennellement, nous venons dire au peuple béninois cet après-midi du vendredi 4 septembre 2020, que le principal du Manifeste qu’est le président de la République, le chef de l’État du Bénin a opposé à notre noble démarche citoyenne, un mutisme. Un mutisme oui, mais le silence du président de la République est également une réponse ; une réponse aux lectures multiples. C’est une réponse qui n’entache en rien notre démarche vers l’atteinte des objectifs que le Coder s’est fixé. L’objectif principal étant l’organisation d’une conférence, d’une convention citoyenne. Nous sommes donc dans la phase II >>, avait martelé Célestine Zanou. Il est donc clair qu’entre septembre et le 11 avril prévu pour la tenue du scrutin présidentiel, le Coder devait passer à la vitesse supérieure dans le déroulement de son plan d’action.