QUI, AU BÉNIN, SE SOUCIE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE ?
Avec un recul de dix-sept places dans le classement RSF 2020 de la liberté de presse dans le monde, qui le place au 113e rang, le Bénin a des progrès à accomplir pour rendre durables les effets des réformes politiques avec une presse libre

Depuis 2016, le Bénin change, indéniablement, et obtient quelques belles performances économiques, malgré la crise liée au Covid-19 et la fermeture de ses frontières avec le Nigeria. Sa croissance (2,3% du PIB en 2020) est la plus forte de l’UEMOA. Sur le plan politique, diverses réformes sont censées structurer les partis et consolider leur mission d’animation de la vie publique, afin d’enraciner la démocratie et de la faire vivre au-delà des périodes d’élections. Pourtant, la garantie de la liberté de la presse, qui est l’un des piliers de la démocratie, ne semble guère préoccuper gouvernants et acteurs des médias.
C’est un secret de polichinelle. Avec un recul de dix-sept places dans le classement RSF 2020 de la liberté de presse dans le monde, qui le place au 113e rang, le Bénin a des progrès à accomplir pour rendre durables les effets des réformes politiques avec une presse libre, capable d’informer avec professionnalisme et d’analyser avec rigueur les succès et les excès des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Deux facteurs en sont en partie responsables de ce recul – lequel ne se traduit pas nécessairement par le déclin de la propension des Béninois à s’exprimer sur leur gouvernance.D’abord, la condamnation du journaliste Ignace Sossou sur la base d’un Code du numérique davantage perçu comme un instrument de condamnation judiciaire que comme un texte ayant une vocation industrielle et commerciale. Ensuite, l’effacement total de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), qui a pour mission de garantir la liberté de la presse.
Une Haute autorité de plus en plus vulnérable
Selon Amnesty International, « au moins 17 journalistes, blogueurs et opposants ont été poursuivis en moins de deux ans en vertu d’une loi en vigueur [le Code du numérique], dont certaines dispositions répressives mettent en péril la liberté d’expression et la liberté des médias au Bénin ».
En juillet 2020, la HAAC – où siègent pourtant des journalistes –, prompte à contrôler et à sanctionner, et peu encline à protéger, a entrepris de suspendre les médias en ligne avant d’envisager de leur donner une reconnaissance officielle.